Malgré le souffle d’alarme que j’aimerais donner dans cet article, je souhaite débuter par une accroche positive. Cela fait presque 20 ans que la presse relate les scandales survenant dans le secteur de la santé ou plus précisément ceux de l’industrie pharmaceutique. Nous avons besoin de ces personnes vigilantes et enquêtrices sur les travers des entreprises et/ou des gouvernements ! Premièrement parce que nous nous devons de rétablir une situation saine, équilibrée et deuxièmement parce qu’il faut comprendre nos erreurs pour avancer dans la bonne direction et nous améliorer.
Aujourd’hui, je vais mettre en avant le bénéfice de l’industrie pharmaceutique: sa capacité à produire en grande quantité des médicaments qui nous permettent de guérir et résister face à des pathogènes autrefois mortels pour l’homme.
Voici l’exemple illustrant mes propos : L E S A N T I B I O T I Q U E S

Découvertes merveilleuses du siècle dernier, ces derniers risquent de perdre leur efficacité tant appréciée.
Chiffres clés :
10 000 décès/ an en France dus à des bactéries multi-résistantes (BMR)
17% C’est le pourcentage des infections bactériennes dans les pays de l’OCDE qui sont résistantes aux antibiotiques
La crise d’utilisation des antibiotiques est mondiale. Les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques* (OCDE) sur les résistances des pathogènes aux antibiotiques sont alarmantes: 2,4 millions de personnes risquent de mourir de ce phénomène en Europe, en Amérique du Nord et en Australie d’ici 2050.
“75 % de la consommation humaine d’antibiotiques a lieu à l’extérieur de l’hôpital, souvent pour des infections respiratoires, comme les bronchites virales” Dr Karl Weiss, professeur au Département de microbiologie, d’infectiologie et d’immunologie de l’Université de Montréal
Des recommandations simples ont été émises par l’OCDE pour contrer le drame à venir.
- Renforcer l’hygiène en milieu hospitalier
- Créer des programmes de gestion de l’utilisation des médicaments antimicrobiens limitant ainsi la surprescription
- Utiliser des tests de diagnostic rapide permettant de déterminer l’origine de l’infection
- Recommander aux patients d’attendre quelques jours avant d’utiliser leur prescription
- Mettre en place des campagnes de sensibilisation auprès du grand public (rappelez-vous “Les Antibiotiques: ce n’est pas automatique” !)
En France, l’Agence Régionale de Santé (ARS) travaille elle aussi sur cette problématique en développant un outil nommé Antibioclic+. Notre pays est malheureusement l’un des plus gros prescripteurs en Europe et la région Ile de France a une consommation supérieure (+8%) par rapport à la moyenne nationale.

Antibioclic a été initié par un comité d’experts composés de cliniciens et d’enseignants de médecine de l’université de Paris Diderot. C’est un site-outil développé dans le but d’aider les médecins à la décision thérapeutique en antibiothérapie. Le projet Antibioclic+ quant à lui est un pilote lancé en 2017 pour une cible médicale restreinte: les utilisateurs d’antibioclic en île de France. Les fonctionnalités de cet outil regroupent de l’aide à la prescription (notamment pour le traitement des infections urinaires), de l’aide à la non-prescription (informations patient), des liens utiles pour le professionnel (contacts d’infectiologues), de l’information sous un format d’e-learning.
En janvier 2019, on compte 1 985 médecins enregistrés sur la plateforme dont 1 650 en Ile de France. Ces adhérents sont à 90% représentés par les médecins généralistes.

Un an après sa mise en place, Antibioclic+ c’est:
- > 20 requêtes / jour
- 17 000 demandes concernant les infections urinaires
- 15% des médecins généralistes d’Ile de France inscrits
Si les autorités de santé française continuent sur leur lancée, les prochaines actions seront sans doute les tests de diagnostic rapide à utiliser par les professionnels de santé dans leur pratique quotidienne de la médecine.
*L’OCDE est une organisation internationale qui produit des études économiques (analyses, prévisions et recommandations de politique économique) et des statistiques, principalement concernant ses 36 pays membres.
Sources
E.Puech, Responsable du service communication externe, ARS Ile-de-France